« Fragile le bleu de cette histoire
Fragile, il est si près du noir ».
« Etre et demeurer quand même insaisissable, c’est tout l’art n’est-ce pas ? » B.Noël
Mettre les voiles, sortir les toiles ; fuir la plainte questionneuse, la fatigue, le doute. Liquide, liquidation…Peinture tu n’es pas juste mais on te le rend bien. Dans une vérité sans pardon, aux violences de la vie, rendre la pareille. La réflexion naquit un jour de poing de fuite. Souvenirs, souvenirs…nos instincts comme nos instants sont rongés par la conversation ; on a comme vendu notre âme à l’idée tellement tout en nous est pétri de pensées; mais lorsque l’on revient à soi, seule à l’atelier, sans la compagnie des mots, et que l’on découvre l’évènement, l’objet nu, on ne sait où puiser la force pour l’affronter. La peinture nous fait face. Petite vie, légende locale, parole avortée, morceaux choisis face à l’immensité donnée et cadrée. Rien ne remplace le don qui s’y est dévoré.
Alors peindre, comment ça s’est passé ? Comment peut-on le dire ?! Le bénéfice n’est pour personne sauf à tempérer cette inquiétude d’être toujours coincée entre les coudes des autres ; car il ne s’agit au fond que de cela : prouver son utilité. Je peux dire ce que je veux, on peint quand même, malgré, toujours… Hors sujet ! C’est dans cet espace démembré du tableau que j'indique (seulement)… ce que la peinture aurait pu être. On pense trop et trop vite, le corps de la peinture ne suit pas, il fantasme. Délire de la chair, nos désirs sont désordre…
La peinture est plus sexuée que le corps qu’elle emporte. Le corps est une limite consciente mais son espace est illimité. Quelque chose fait retour en fondant sur la toile. Corps locataire, sans gravité, qui se sépare du corps qui fut donné, qui n’était là qu’en attente que la pensée nous vint. On appelle ça la vie. Le corps se tend pour on ne sait quoi qui n’arrive jamais ; c’est cela que l’on peint ; rien que du rien, de la mélancolie. Tout est mensonge, tout est lieu d’énigme, rien n’est jamais acquis ; aucun signe ne se stabilise jamais ; ils surgissent puis disparaissent. Mémoire mon beau miroir…la vie ne finit pas ses phrases.
Alors voilà, vois là … je tombe des nus. Une peinture obscure ? Non, une peinture obscurcie. Deuil clair, réalité inexacte mais confortable, guillemets rageurs ou choix mal définis ; paradoxe salutaire accompagné d’un rien de morgue. Trace imparfaite… qui n’a de cesse de s’excuser d’être ce qu’elle est. La vie est à charge ad nauseam !
Alors peindre, peindre sans faire d’histoires ; fragments de série, fragment sans conclusion, ponctués par la maigre conjonction des « et puis… ». Une peinture rien de plus, trop sûre maintenant pour se laisser distraire. Une peinture, rien qu’une peinture de plus, se refermant sur l’indigeste déjà-vu !...
Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant excité est totalement volontaire.